R. Meynet, La Pâque du Seigneur. Passion et résurrection de Jésus dans les évangiles synoptiques. Troisième édition revue, RBSem 27, Peeters, Leuven 2021 (517 p.)
Les Évangiles représentent le cœur du Nouveau Testament. Le récit de la Passion et de la Résurrection de Jésus par lequel ils s’achèvent sont à leur tour le roc sur lequel les évangiles sont bâtis. C’est dire l’importance de ces textes.
Les quatre «séquences» de la Pâque — Testament, Jugement, Exécution et Résurrection — sont ici analysées et interprétées suivant les lois de composition propres aux textes bibliques, celles de la rhétorique sémitique. Se dessinent ainsi de grandes fresques où chacun des épisodes prend forme et sens dans ses relations avec les autres.
L’étude du contexte biblique permet de voir comment les personnages de la Pâque sont situés dans la ligne des grandes figures du Premier Testament. Jésus y est en effet présenté sous les traits du nouvel Adam, d’Abel le juste, de l’Époux du Cantique des Cantiques, du Serviteur tel que l’avaient annoncé le prophète Isaïe et les Psaumes. À côté de la femme au parfum de Béthanie, nouvelle Ève et Épouse du Cantique, apparaissent aussi d’autres figures, telle celle de Caïn, meurtrier de son frère.
L’étude est aussi «synoptique»: aux principaux niveaux d’organisation du texte, elle met en regard d’abord Matthieu et Marc, puis Luc et les deux premiers évangiles. Cette comparaison synoptique ne s’arrête pas aux détails de style, mais s’attache surtout aux phénomènes de composition qui donnent à chacun leur architecture spécifique. Ce qui est essentiel pour saisir le message respectif de chaque évangéliste.
Apparaissent ainsi trois portraits de Jésus, semblables et différents, complémentaires. Pour Matthieu, qui écrit dans et pour des communautés formées essentiellement de juifs devenus disciples du Ressuscité, Jésus est présenté sous les traits du Serviteur souffrant d’Isaïe qui se révèle à la fin l’aîné d’une multitude de frères. Pour Marc, qui s’adresse à une église où se mêlent juifs et non juifs, Jésus est le Maître de ses disciples, devenu par sa résurrection Seigneur de l’univers. Pour Luc enfin, l’évangéliste des chrétiens d’origine païenne, Jésus est dépeint comme le Roi d’Israël, Christ de Dieu annoncé par les Écritures juives.
Cette nouvelle édition est enrichie d’un double appendice sur «Circoncision et croix du Christ», et sur «Circoncision, croix du Christ et vie consacrée».
Réécritures de l’édition précédente